La Violence dite Éducative Ordinaire (VdEO) est une violence physique, psychologique et/ou verbale employée dans un but prétendument éducatif. Elle est dite « ordinaire » parce qu’elle est souvent considérée comme banale et tolérée.
Les effets négatifs de l’utilisation de la violence dans l’éducation ne sont plus à prouver (santé physique et mentale, développement de l’enfant). Comme le rappelle le Comité des droits de l’enfant ainsi que de nombreuses instances internationales, la loi doit être le premier garant de l’interdiction des violences dans le milieu familial.
Si une loi est indispensable, elle ne suffit cependant pas ; elle doit s’accompagner de campagnes de sensibilisation pour accélérer les changements de mentalité et de mesures concrètes de soutien à la parentalité.
Même si on constate qu’il y a une attention croissante consacrée à cette forme, sans doute la plus banalisée, de violence à l’encontre des enfants, la prévalence de cette pratique ainsi que sa large acceptation sociale montrent que ces efforts sont largement insuffisants.
Ce thème suscite le débat et un nombre important de personnes continuent à soutenir « qu’une claque n’a jamais tué personne » (ce qui est objectivement faux), que « j’ai reçu des claques et voilà ce que je suis devenu » ou encore que ce soit malheureusement indispensable dans une perspective éducative, sinon, on prive les parents de tout moyen de remplir leur rôle! Nombre de personnes considèrent que les autorités n’ont pas à venir voir chez elles comment elles élèvent leurs enfants et « qu’elles font ce qu’elles veulent ».
La thématique reste sensible et souvent très difficile à aborder parce qu’elle renvoie au vécu de chacun, en tant qu’enfant qui a ou non reçu des claques, ou en tant que parent qui a sans doute été confronté à cette question et se sent parfois coupable mais n’ose pas le reconnaître.
Illustration © Fanny Vella "Et si on changeait d'angle"
Certains craignent de pénaliser « la baffe éducative » avec pour conséquence « d’envoyer les parents en prison ». Ce n’est pourtant pas du tout ce que DEI-Belgique préconise (ce n’est que dans des cas de maltraitance grave et avérée qu’il y aurait motifs à intervention de la justice pour protéger l’enfant). L’idée est d’abord et avant tout de favoriser une éducation positive, bienveillante et non-violente, de sensibiliser les parents par rapport aux conséquences de l’utilisation de méthodes violentes dans l’éducation et soutenir les parents dans leur rôle éducatif. Il n’est pas non plus question de minimiser la tâche des parents, dont certains font face à des situations qui les mettent en difficulté, ni de stigmatiser des parents parce qu’ils ont eu ponctuellement un geste inadéquat.
DEI-Belgique réclame depuis des années l’insertion dans le Code civil d’un article qui interdit clairement et sans ambiguïté l’usage de la violence physique ou psychologique à des fins éducatives.
Les propositions de loi qui ont été déposées ces dernières années n’ont jamais abouti à une modification de la législation, se heurtant à des résistances de la part de parlementaires et même de ministres qui véhiculent aussi tout haut les lieux communs rappelés ci-dessus. Ceci, malgré plusieurs condamnations du Comité des droits sociaux du Conseil de l’Europe qui n’ont jamais été suivies d’effets.
Pour évaluer la perception de la population par rapport à cette question, DEI-Belgique a pris l’initiative de commanditer un sondage à l’Institut Dedicated ; il a été réalisé en mars 2020 et montre principalement que :
•Les punitions font partie des habitudes éducatives, malgré le fait qu'une minorité de parents les considèrent comme bénéfiques.
•L'usage de sanctions violentes (gifler, enfermer dans la cave etc.) est toujours actuel dans la société belge.
•Le cadre législatif actuel est méconnu : 7 répondants sur 10 ne savent pas ce qui est autorisé ou non en matière de sanctions dans l'éducation des enfants.
•La population sondée s'avère majoritairement favorable à une législation dont le but est éducatif et non pas punitif afin de promouvoir une éducation bienveillante des enfants.
Ces résultats nous confortent dans l’idée qu’une loi est indispensable pour clarifier que la violence physique ou psychologique n’est pas une méthode d’éducation admissible et qu’il est urgent de renforcer la prévention, la sensibilisation et le soutien à la parentalité bienveillante.
Des démarches en ce sens vont se poursuivre sur la base de ce sondage qui pourra être répété d’ici quelques années pour mesurer les progrès accomplis.
Présentation du sondage
Retrouvez ici l'infographie réalisée à partir des principaux résultats du sondage.
Dr. Najat Maalla M'jid, Représentante spéciale au SG des Nations-Unies sur la violence contre les enfants soutient notre action (sous-titres NL disponibles)
Pour en savoir plus sur la VdEO et l'éducation bienveillante, voici quelques ressources utiles :
Outils pédagogiques
Livres