Catégories / Communiqué de presse / Crise de l’accueil : toujours plus loin dans le non-accueil et l’ignoble
Depuis lundi 17 octobre 2022 soir, des enfants en demande d’asile sont abrités dans des tentes en carton par le Samu Social, devant le Hub Humanitaire, faute de solution plus humaine. Ce matin, mercredi 19 octobre 2022, ils ont été délogés par la police, sur ordre du bourgmestre Philippe Close (PS). Défense des enfants International Belgique (DEI-Belgique) dénonce cette escalade dans le non-accueil de ces enfants en demande de protection et l’ignominie des autorités et dépose une plainte auprès de la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.
La crise de l’accueil dure depuis maintenant un an. Au fur et à mesure des mois, malgré les nombreuses solutions proposées par les associations, l’Etat laisse la situation se dégrader au point d’abandonner des enfants à dormir dans la rue. Si on pensait avoir atteint le summum du non-accueil, c’était sans compter sur la nouvelle de ce matin : des enfants, déjà abimés par tout ce qu’ils ont vécu d’horreurs dans leur pays d’origine et sur leur trajet d’exil, accueillis comme des moins que rien dans une tente en carton au bord de la route… sont évacués par la police, qui au passage détruira leurs abris de fortune… Sur ordre du Bourgmestre Philippe Close (PS) qui ose justifier son action en indiquant qu’il est « inacceptable que des mineurs dorment dans la rue » et qu’il fait cela pour renvoyer « les autorités compétentes, fédérale et régionale » à leurs responsabilités.
Les associations n’ont de cesse de le répéter : elles pallient comme elles peuvent à la carence totale et honteuse de l’Etat qui a le devoir de protéger toute personne qui demande une protection internationale (asile)… Des béquilles sur lesquelles l’Etat s’appuie volontiers. Et lorsque, à bout de souffle, les associations proposent des solutions pour permettre un minimum de dignité pour ces enfants et ces personnes en demande de protection, les autorités communales osent arracher le sparadrap qui a été posé : détruire le camp de fortune.
L’histoire se répète : rappelez-vous les campements dans le parc Maximilien en 2015 par exemple. Le nombre de personnes qui arrivent en Belgique pour demander protection varie selon les périodes, ce n’est pas nouveau. Il est de la responsabilité de l’Etat de l’anticiper et d’ouvrir des places d’accueil en prévision, plutôt que de se montrer faussement étonné et désemparé à chaque fluctuation. Il existe des solutions à cette crise, qui n’est pas une fatalité mais une défaillance de gestion. Parmi les solutions proposées par les associations, nous rappelons la feuille de route signée par 54 organisations dont DEI Belgique, qui propose des solutions concrètes et basées sur la réalité de terrain.
Les nombreux appels de la société civile auprès des divers niveaux d’autorités sont jusqu’à présent restés lettre morte. DEI Belgique décide donc d’introduire une plainte auprès de la Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe pour rappeler les autorités belges aux obligations internationales qu’elles se sont engagées à respecter : la Convention européenne des droits de l’Homme (interdiction des traitements inhumains et dégradants) et de la Convention internationale des droits de l’enfant (respect de l’intérêt supérieur des enfants). DEI Belgique envisage aussi d’autres moyens d’action pour exiger le respect total des droits de tous les enfants, qui migrants, étrangers, sans abris... sont des enfants avant tout.
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Benoît Van Keirsbilck, directeur de Défense des enfants International Belgique (DEI-Belgique) 0497/42.07.77 (si pas de réponse, laissez un message et vous serez rappelé dans les plus brefs délais)
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Photo: Plateforme Citoyenne