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Dans toute décision qui implique un enfant, qu’il·elle soit ou non en ordre de titre de séjour, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant, un droit fondamental reconnu par la Convention relative aux Droits de l’Enfant, qui doit primer. Depuis que cette pratique existe, DEI-Belgique dénonce qu’on enferme des enfants en raison de leur situation migratoire, en vue de les expulser de Belgique, ce qui est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant.
Dans cette perspective, DEI-Belgique s’est mobilisé sans relâche notamment en alertant les médias, en organisant des conférences, en créant un tribunal d’opinion constitué d’enfants sur « la détention d’enfants en centres fermés pour étrangers » et en menant des actions en justice.
Avec mes parents, je suis venue en Belgique en 2022 pour échapper aux violences intrafamiliales. (…) (Un jour) plusieurs policiers ont débarqué à l'improviste dans notre salon. J’ai eu très peur. Avec mes parents, j’ai été emmenée dans un centre de détention administrative pour familles, pour être ensuite renvoyée (dans notre pays d'origine). J’ai fréquenté une école primaire francophone pendant six mois. Je voulais tellement rester en Belgique. » – N., 12 ans, témoignage issu du rapport annuel 2022 de JRS Belgium
La police a essayé par trois fois de me mettre dans un avion pour Kinshasa, mais j’ai refusé. Finalement, j’ai été libéré et maintenant je suis un étudiant comme les autres, mais je dors toujours mal et j’ai besoin d’un soutien psychologique. Cette expérience m’a fait comprendre l’importance de la liberté. » – J., 20 ans, témoignage récolté par la Coalition MOVE | Pour en finir avec la détention des migrant·e·s
Quel est l’impact de la détention administrative sur les enfants ?
Enfermer un enfant a des impacts profonds et durables sur sa santé et son développement. Cela a été prouvé par d’innombrables expert·e·s, dont le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui souligne qu’« il n’y a pas de bonne façon d’enfermer. L’enfermement est un trauma grave. » Même des périodes de détention courtes peuvent affecter le bien-être psychique et physique des enfants et compromettre leur développement cognitif. Les expert·e·s en psychologie ayant travaillé avec des enfants de tous âges en centre fermé constatent que la détention provoque chez eux et elles un mutisme, de l’anxiété liée au stress post-traumatique, et même des comportements d'automutilation et tentatives de suicide. En 2018, Bernard De Vos, alors Délégué Général aux droits de l’enfant, avait rendu visite à une famille de 4 enfants né·e·s en Belgique et expulsée vers la Serbie après avoir été détenue en centre fermé. Il témoignait (…) pendant notre présence là-bas, on parlait de la Serbie avec un enfant de trois ans qui faisait le signe avec la tranche de la main sur son cou en disant : 'Serbie". Voilà, et ça à trois ans. C’est insupportable.
Quel est l’impact de la détention administrative sur les enfants ?
La Belgique détient des personnes en séjour irrégulier, c’est-dire qui n’ont pas les bons papiers (titre de séjour) dont des enfants. L’objectif : les empêcher de rester sur le territoire belge et les expulser du pays.
La détention d’enfants dans la migration est-elle autorisée par la loi belge ?
Qu’est-ce que les « maisons de retour » ?
La loi qui devrait être adoptée porte sur la détention d’enfants en centre fermé (détention administrative). En plus de cela, il existe des « maisons de retour » dans lesquelles des enfants sont encore actuellement détenu·e·s. Il existe 28 unités en Belgique. Moins connues, ce sont aussi des lieux de privation de liberté pour des familles en séjour irrégulier. S’il ne s’agit pas de lieux fermés à clé, il s'agit bien d'une forme de détention qui ne dit pas son nom. L’enfant subit d’abord le traumatisme d’une arrestation. Il·elle est coupé·e de son entourage, doit endurer des restrictions de liberté importantes et des violations de ses droits à l’éducation, aux loisirs… et est finalement menacé·e d’être expulsé·e vers un pays qu’il·elle n’a parfois pas connu.
Ancrer dans la loi l’abolition de la détention d’enfants en centre fermé est un premier pas indispensable mais réellement mettre fin à cette pratique inhumaine doit aussi passer par l’interdiction de les détenir en maison de retour. Car un enfant migrant·e est avant tout un·e enfant et qu’on n’enferme pas un enfant. Point.
Que prévoit la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (CIDE) au sujet de la détention administrative d’enfants en séjour irrégulier ?
La CIDE ne l’interdit pas explicitement mais son article 37 exige que ce soit une « mesure de dernier ressort ». En 2017, dans l’Observation Générale conjointe n°4 et n° 23, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a clairement condamné la détention des enfants pour des motifs liés à la migration car elle viole l’ensemble des droits de l’enfant et ne respecte pas l’intérêt supérieur de l’enfant.[1] Cette position a été partagée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) en janvier 2017.
Après une Tièrce intervention de DEI-Belgique dans le cadre de la communication 55/2018 portée devant le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies (C.D.E), le même comité a clarifié sa position dans ces constatations de 4 mars 2022 en reconnaissant que les « maisons de retour » sont bien des centres de détention administrative.
Le sujet vous intéresse? Voici quelques ressources
Communiqués de presse
Les outils publiés par Défense des Enfants International Belgique
Autres ressources
[1] Observation générale conjointe N° 4 (2017) du Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille et N° 23 (2017) du Comité des droits de l’enfant, CMW/C/GC/4-CRC/C/GC/23, 16 novembre 2017, para.5 ; position du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) concernant la détention d’enfants réfugiés et migrants dans le contexte migratoire (janvier 2017).