DEI-Belgique est orphelin

 

photo JP Bartholomé

 

 

Jean-Pierre Bartholomé, un des acteurs majeurs des droits de l’enfant en Belgique, fondateur de la section belge de Défense des enfants International est décédé le 16 janvier 2020.

Si aujourd’hui, on trouve naturel qu’un avocat accompagne chaque enfants dans les procédures judiciaires, si on trouve élémentaire qu’un élève puisse introduire un recours contre une décision d’exclusion scolaire qu’il trouve injustifiée, si on parle plus de droits de l’enfant et moins de son bien, si le respect des droits fondamentaux prime sur la charité et la bien-pensance, si des règles connues des tous les enfants sont plus importantes que le « bon sens » des autorités qui savent mieux que quiconque ce qui est bien pour l’enfant, c’est en très grande partie à Jean-Pierre Bartholomé qu’on le doit.

Jeune travailleur social au mitan des années ’60, il a su transformer son indignation en force de changement et a lutté inlassablement pendant quatre décennies, contre l’arbitraire, la moralisation et l’injustice qui prévalaient (et prévalent encore trop souvent) s’agissant de l’intervention publique à l’égard des enfants.

Il a mobilisé les avocats, furieusement secoué l’institution judiciaire, combattu des bataillons de tous ceux qui affirmaient travailler « pour le bien de l’enfants » sans respecter ses droits.
Jean-Pierre a eu des intuitions géniales ; il a démontré que l’audace est facteur de changement. Il a innové et montré la voie que des générations de travailleurs sociaux, juristes, avocats et autres professionnels suivent maintenant, souvent sans savoir ce qu’ils lui doivent.

On lui doit la création des Services droit des jeunes, de Jeunesse & Droit et du Journal du droit des jeunes ainsi de DEI-Belgique dont il est un des principaux instigateurs. Trente ans après, son œuvre a grandi et s’est développée, au profit de centaines, de milliers d’enfants.

 

Quelques mots d’histoire

Le 10 septembre 1991, Jean-Pierre Bartholomé rassemblait autour de lui Georges Kellens, Paul Martens, Christian Wettinck, Eugeen Verhellen, Jean-François Servais, Christian Noiret, Pierre Herbecq, Geert Cappelaere, Georges Vallee, Michel Boland, Frans Spiesschaert, Benoît Van Keirsbilck et quelques autres, pour créer la section belge francophone de DEI, à la demande expresse de Nigel Cantwell, fondateur de DEI au niveau international.

Il aura ainsi réussi à s’entourer de personnalités telles que des professeurs d’université, des juges, des directeurs d’associations, pour donner la crédibilité nécessaire à ce projet ambitieux qui entendait s’assurer que les Pouvoirs publics prennent au sérieux la Convention internationale des droits de l’enfant nouvellement adoptée par les Nations Unies et ratifiée par la Belgique.

En parallèle, autour de quelques membres identiques et sous la Présidence de Eugeen Verhellen, pionnier des droits de l’enfant en Flandre, naissait la section flamande de DEI-Belgique (qui a malheureusement disparu, une fois que la génération des fondateurs l’ont quittée).
Depuis lors, la section francophone a poursuivi son action, reposant d’abord sur des volontaires, mais devenue progressivement une association professionnelle, capable de développer des projets de plus en plus ambitieux.

Le Conseil d’administration, l’équipe et les amis de DEI-Belgique se sentent donc orphelins, mais sont plus que jamais convaincus que la meilleure manière de lui rendre hommage, c’est de poursuivre son action, avec détermination.

Et nous exprimons toute notre sympathie à Annick, sa femme, Isabelle, Geneviève et Anne-Françoise, ses trois filles, ainsi qu’à l’ensemble de sa famille et de ses amis.

 

Benoit Van Keirsbilck, Directeur de DEI-Belgique et compagnon de route de Jean-Pierre